Dans ce décor fait de bois, de laques, de cuir, de tissages étonnants et de mélanges innovants qui font appel aux sens, Peter Marino a choisi d’accueillir les invités par une sculpture suspendue de l’artiste coréenne Lee Bul. L’escalier, imaginé comme un ruban qui se déroule, guide les visiteurs vers les collections de prêt-à-porter femme, de maroquinerie, de souliers, de joaillerie, d’horlogerie et de parfums.
Mais aussi vers l’espace Dior Homme et une galerie d’art avec son salon privé, où sont exposées, entre autres, des peintures de Marc Polidori. Au dernier étage se trouve le Café Dior by Pierre Hermé. Ce nouvel écrin grandeur nature s’inscrit directement dans l’histoire de la Maison, dans une vision plus contemporaine.
Nous sommes en 2011. Dans son atelier parisien, Christian de Portzamparc mène ses premières recherches sur la future silhouette du bâtiment. De croquis en modélisations, le drapé de la construction se modifie peu à peu, jusqu’à trouver enfin sa forme définitive : celle de onze voiles, figés dans un mouvement souple et fluide. Transformer cette esquisse en édifice est alors un véritable défi. Dans l’atelier, l’heure est à l’expérimentation. Pour les volutes de la façade, on utilisera un composé de résine, de plâtre et de toile, comme pour la coque d’un bateau, en reproduisant le motif d’un tissage. Et pour chaque voile, un immense moule devra être réalisé tout spécialement.
L’histoire de la boutique se poursuit alors à Séoul, où toutes les composantes du bâtiment sont fabriquées et montées, dans un travail d’étroite collaboration entre les équipes coréennes qui œuvrent sur place, celles de Dior et celles de l’architecte. Lorsque toutes les pièces sont terminées, il reste encore à les transporter des ateliers où elles ont été réalisées jusqu’à l’adresse de la future boutique. Les coques de résine qui figurent le drapé mesurent jusqu’à vingt mètres de hauteur et exigent des efforts logistiques sans précédent. Chacune, soigneusement fixée sur une gigantesque remorque, est transportée en convoi exceptionnel, escortée par des voitures de police. Les autoroutes et le centre-ville de Séoul, que traverse ce cortège titanesque, sont même bloqués pour l’occasion. Et l’opération recommence pour chacune des onze composantes de la façade. A leur arrivée sur le chantier, deux grues sont nécessaires pour les soulever, les ériger à la verticale et les ajuster entre elles. Un travail aussi colossal que minutieux : l’espace qui les sépare doit être précisément respecté, pour leur permettre de s’adapter en fonction de la déformation naturelle des matériaux. Mais également pour laisser apparaître le subtil interstice figurant les coutures de cet édifice couture, qui s’apprête à accueillir ses premiers visiteurs.